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MARILYN
25 ans, consultante et chef de projet

Qu’est-ce que tu aimes au Liban ?
Les choses belles au Liban sont souvent simples. Une saison (le printemps), de la nourriture (les amandes vertes, la kebbeh de ma mère, le poisson grillé), des paysages (la mer), des personnes (le boulanger qui connait votre prénom et sait d'avance comment on aime sa man'ouché, les promeneurs sur la corniche, les activistes qui ne se découragent pas de se battre pour la cause en laquelle ils/elles croient).
Son charme se trouve aussi dans sa diversité de cultures, de paysages, de croyances... qui loin d'être unique
est intéressant de par sa concentration dans un espace physique/géographique réduit.


Qu’est-ce que tu détestes au Liban ?
L'apathie, les lois, le Sky bar, la musique arabe contemporaine, la notion de l'espace personnel. Nous avons tellement l'habitude que ce soit la merde, qu'il n'y ait pas d'électricité, que le gouvernement soit corrompu, que le prix du lait soit astronomique, etc. que nous avons développé non seulement une résistance à notre condition (ce qui pourrait être louable), mais une tolérance pour le médiocre.
Nous faisons des projets médiocres, nous avons des villes médiocres, nous dansons dans des bars médiocres, et nous produisons des artistes médiocres.


Es-tu active dans une association ou un mouvement ?
Je fais partie de Nasawiya, un collectif féministe qui œuvre sur plusieurs thèmes. Je suis particulièrement intéressée par les droits de la femme, ainsi que le rôle de la femme au travail. Même si j'ai souvent l'impression de gesticuler dans le vide (seulement 200 manifestants pour la loi contre la violence conjugale), je suis incapable de rester les bras croisés devant tellement de choses à réparer.


Comment vois-tu l’avenir de ton pays ?
Sans moi. Il y a cinq ans, toute ma famille est partie. Je suis restée seule au Liban parce que j'avais l'impression de devoir rester. Pour me battre. Pour faire évoluer les choses. J'utilisais une métaphore débile pour justifier mon choix: on n'ajoute pas d'ingrédients à un gâteau après l'avoir cuit. Il fallait que je reste pour qu'on me prenne en considération ainsi que ceux qui me ressemblaient. Je restais dans l'espoir d'être un agent du changement.
Mais je n'ai plus d'illusions. Je me sens comme bouffée par la médiocrité de ceux qui m'entourent. Même les plus brillants vivent, évoluent, produisent ici à un rythme qui me désenchante. J'ai besoin pour évoluer (au travail, en amitié...) d'être entourée par des gens qui me challengent constamment.
J'ai surtout fait le deuil d'un pays qui ne veut pas vraiment qu'on l'aide. Des femmes qui se battent contre des lois faites pour les protéger. Des directeurs généraux de ministères qui bloquent une nouvelle initiative par pure opposition politique.
Un système féodal qu'on continue à respecter. Des monopoles (télécom, produits alimentaires....) qu'on ne remet pas en question. Une population qui accepte le tout sans broncher. Ce n'est pas un pays où je veux vivre. C'est encore moins un pays où je veux avoir une famille, des employés, une hypothèque...


Si tu devais quitter le Liban, où voudrais-tu vivre ?
Le Brésil, la France, la Turquie, San Francisco... Mais je ne pense pas que j'y resterais longtemps non plus.
Quelques années peut-être en attendant la prochaine aventure?


Un rêve ?
J'ai des rêves simples. Une famille, de bons repas, être en bonne santé, un boulot qui me motive et m'excite au quotidien.




Le Liban que j’aime
http://myculinaryjourneythroughlebanon.blogspot.com/
Je suis une grande amatrice de plaisirs culinaires (je tiens accessoirement un blog: permanenthunger.com)
et je n'arrête pas de découvrir la richesse de l'univers culinaire libanais, grâce au blog de Barbara Massad notamment.


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